Même si nous y sommes chez nous, la Voie lactée reste riche en mystères et en surprises. Un exemple concret : Les astronomes ont récemment remarqué que notre galaxie a un bras cassé.
D’une longueur d’environ 3 000 années-lumière, cet éclat d’étoiles et de gaz fait saillie du bras du Sagittaire à un angle d’environ 45°. S’il n’est pas rare d’observer des saillies à angle aigu (également appelées plumes) dans d’autres galaxies spirales, c’est la première fois que les astronomes remarquent un défaut aussi prononcé dans le bras de notre propre galaxie.
Depuis la position de la Terre au sein de la Voie lactée, il est difficile pour les scientifiques de voir l’intégralité de la galaxie. Les astronomes ont utilisé les données obtenues par le télescope spatial Spitzer de la NASA, aujourd’hui à la retraite, et par la mission de cartographie Gaia de l’Agence spatiale européenne pour confirmer qu’ils voyaient une section de la Voie lactée dépassant du reste du bras. “Ce ne sont que les récentes mesures directes de distance effectuées par Gaia qui rendent la géométrie de cette nouvelle structure si apparente”, a déclaré dans un communiqué Alberto Krone-Martins, astrophysicien à l’Université de Californie, Irvine, co-auteur de l’étude.
Bien qu’il s’agisse d’une fracture plutôt horrible en chair et en os, en termes cosmiques, cette zone est spectaculaire et remplie de perspectives de formation d’étoiles. L’analyse montre que quatre objets célèbres du ciel profond – la nébuleuse de l’Aigle (M16), la nébuleuse Oméga (M17), la nébuleuse Trifide (M20) et la nébuleuse du Lagon (M8) – se trouvent tous dans cette structure.
Les astronomes pensent que ces éperons sont formés par une combinaison de gravité, de rotation et de cisaillement. Comme ces structures portent l’empreinte de ces forces, la découverte d’autres éperons comme celui-ci pourrait aider les scientifiques à mieux comprendre comment les galaxies spirales forment leurs gracieux bras incurvés.
Romain Belair